Psychologie
15
09
2023

La guerre des sexes est déclarée ?

Réflexion sur la féminisation de notre société
TAGS : Adolescence | Agressivité | Arts Martiaux | Banlieue | Body-Building | Boxe | Civilisation | Commerce | Consommation | Couples | Féminisme | Hétérosexualité | Homosexualité | Mariage | Mode | Publicité | Rap | Sexe
Publié le : 15 septembre 2023 - Modifié le : 9 avril 2024

Au départ, tout semblait aller dans la bonne voie. La femme, peu à peu, accédait à des responsabilités et à des espaces réservés jusque-là aux hommes. Une parité bienvenue s’instaurait dans tous les domaines de la société. Parallèlement, les revendications LGBT étaient satisfaites et l’homosexualité entrait doucement dans les mœurs. Et puis tout a basculé ! Le féminisme s’est transformée en guérilla sexuelle et les agressions homophobes se sont multipliées. Que s’est-il donc passé ? Et qu’est-ce qui se cache vraiment derrière cette « guerre des sexes » ?

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En février 2023, l’acteur Vincent Cassel, dans une interview au Guardian, déclare : « C’est presque honteux d’être un homme de nos jours ». Il ajoute : « Si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu’il va y avoir un problème ». Ses propos font aussitôt scandale ! Pourquoi choquent-ils autant les oreilles modernes ? Au fond, il dit simplement qu’un homme doit être un homme et ne pas chercher à imiter la femme. Or, depuis quelque temps, émerge l’idée que le représentant le plus respectable de la race humaine est incarné par la femme, et l’homme est présenté comme une sorte de caricature de l’humanité, une version grossière, violente et stupide d’homo sapiens. Bref, l’homme n’a plus la cote, et pour sa survie, il se doit d’adopter des qualités féminines. Vincent Cassel aurait donc tout faux. Il n’aurait rien compris à la marche du temps.

En quelques années, le mouvement féministe, qui était vu avec une certaine bienveillance, car il prônait un rééquilibrage entre la place des femmes et celle des hommes dans la société, est devenu une véritable « guerre des sexes ». Il ne s’agit plus seulement de permettre aux femmes d’accéder, à égalité, aux responsabilités sociales. Le féminisme d’aujourd’hui semble s’accompagner d’une véritable mise en pièce de ce qui fait l’essence de l’homme. Des qualités autrefois louées, comme la force, le courage ou l’audace, sont ridiculisées, remisées au rang des accessoires dépassés. L’homme en deviendrait presque une « erreur de la nature ». Cette évolution récente amène même la presse « mode » à se demander si l’homme idéal ne serait pas une femme [1] !

La polémique suscitée par l’acteur n’est qu’un épisode parmi tant d’autres de la véritable chasse à l’homme qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux. Mais pourquoi la montée en puissance des femmes dans la société devrait-elle nécessairement s’accompagner d’une féminisation des hommes ? Tentons de comprendre ce mystère...

En fait, on n’a plus besoin des hommes

C’est au lendemain de la guerre de 14-18 que notre virilité a commencé à se faire du souci. Tandis que les hommes combattent au front, les femmes sont contraintes d’assurer les travaux des champs et la production en usine [2]. Elles prennent la place des hommes partout où ils étaient perçus comme incontournables, quand il fallait une certaine force, une grande résistance physique, ou quand il fallait prendre des risques. Bref, du muscle et des couilles.

Femmes dans une usine d’obus (site de l’Assemblée nationale).

Et finalement, les femmes s’en tirent très bien. L’idée germe alors dans les esprits que les hommes ont peut-être un peu survendu leurs qualités et exagéré leur importance dans la marche du monde.

De fait, avec l’introduction des robots dans les usines, l’amélioration générale du confort de vie, le développement de multiples aides dans tous les domaines (manutention, transport, etc.), la force physique est moins nécessaire. De ce fait, de plus en plus de métiers réservés aux hommes sont peu à peu exercés par des femmes.

Au cours des décennies récentes, cette féminisation des métiers ne va pas sans créer quelques soucis, notamment linguistiques !

C’est en effet sur le terrain de la langue que la bataille pour l’égalité des sexes va se révéler très dure. Certains noms de métier se prêtent facilement à la féminisation : avocat/avocate, infirmier/infirmière, etc. Des noms ont la bonne idée d’être « bi », ce qui simplifie les choses : un maire/une maire, un secrétaire/une secrétaire. Parfois il suffit d’ajouter un e comme dans professeure ou auteure. Mais pour d’autres mots c’est plus compliqué car le féminin n’a pas le même sens que le masculin : entraîneur/entraîneuse, médecin/médecine. Cahin caha, des usages se mettent en place, pas toujours heureux. De cet imbroglio linguistique naît par exemple la terrifiante sapeuse-pompière. Ouille !

Les féministes veulent aller plus loin et tordre le coup à la fameuse règle grammaticale : « le masculin l’emporte sur le féminin ». Cette règle, il faut bien le reconnaître, quand on réclame l’égalité des hommes et des femmes, est très déplacée ! Des fins connaisseurs de la langue ont beau prétendre que, dans certains cas, le masculin est en fait un neutre, incluant donc aussi bien le féminin que le masculin, le subterfuge ne fait pas long feu car le « neutre » n’existe pas vraiment en français. En fait, c’est toujours le masculin qui l’emporte.

Mais peut-on assimiler le genre des mots au genre des personnes ? Est-ce un crime si, dans une énumération, charriot l’emporte sur charrette ? Et que faire justement du mot personne qui est féminin et désigne aussi bien un homme qu’une femme ? Ou, à l’inverse, de mannequin, qui est masculin mais désigne généralement une femme ?

Bref, l’irruption du féminisme dans la linguistique a provoqué beaucoup de dégâts. Un éléphant dans un magasin de porcelaine en aurait fait moins !

D’escalade en escalade, finit par surgir l’écriture inclusive : « lecteur.rice", concitoyens.ennes ». Une horreur absolue mais qui exprimait la nécessité de rendre compte dans la langue du nouveau rapport de force qui se manifestait dans la société. Il faut reconnaître que la langue française est très genrée.

Sandrine Rousseau, candidate aux législatives dans la 9e circonscription de Paris. Photo Sipa/Isa HARSIN.

L’écriture inclusive provoqua une grande confusion dans les esprits. Au point que la députée Europe Écologie-Les Verts, Sandrine Rousseau, le soir de son élection à la députation, le dimanche 19 juin 2022, remercia son équipe en prononçant cette phrase devenue culte : « Merci pour la campagne que vous avez fait et faite » [3].

Jean-michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, diffusa en mai 2021 une circulaire qui précisait ceci :

Dans le cadre de l’enseignement, la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur. Deux conséquences en découlent.

En premier lieu, il convient de proscrire le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique. L’adoption de certaines règles relevant de l’écriture inclusive modifie en effet le respect des règles d’accords usuels attendues dans le cadre des programmes d’enseignement (...).

En second lieu, l’usage de la féminisation des métiers et des fonctions doit être recherché... [4]

Il était clair que l’écriture inclusive présentait des limites et risquait de provoquer l’effet inverse, par exemple, en compliquant la lecture des textes à haute voix, et en bouleversant les règles d’accord.

Le pic de l’effroi arrive à la fin de 2021 avec le fameux « iel » fusion du « il » et du « elle », que le dictionnaire Le Robert introduit dans son édition Internet [5]. La polémique fait rage ! Le Robert, connu pour être en pointe sur les usages de la langue, doit se justifier, avançant que ce nouvel article, qui ne figurait pas dans son dictionnaire papier mais seulement dans la version Internet, était là pour aider ceux qui rencontraient ce « iel » dans leurs lectures ou dans leurs conversations. Ce pronom, créé par des personnes non-binaires au sein de la communauté LGBTQ+ s’imposera-t-il dans les usages ? L’avenir le dira.

Ces questions ne sont pas anecdotiques, elles trahissent un mouvement profond de la société vers une prise en compte à égalité de deux sexes dans l’humanité, les hommes et les femmes.

La féminisation de la société avance ainsi à marche forcée, faisant peu de cas des objections, d’autant que le féminisme le plus exacerbé va trouver un allié de poids... On le verra plus loin.

Mais face à cette évolution, l’égo des hommes en prend un coup ! Ils sont nombreux à voir d’un mauvais œil l’intrusion des femmes dans leur domaine réservé… et ils font tout pour leur interdire les postes clés. Sans compter qu’être dirigé par une femme est parfois difficile à encaisser.

Le point de bascule, selon moi, arrive le jour où les cadres supérieurs et les dirigeants d’entreprise se mettent à taper sur le clavier de leur ordinateur. Jusqu’alors, la frappe sur un clavier est un travail subalterne accompli par une femme, leur secrétaire. Ils éprouvent une forte réticence au début. Et puis, quand les ordinateurs portables arrivent, c’est la fin. Les hommes de pouvoir se résignent à exécuter une tâche qui était l’apanage de femmes sous leurs ordres. La féminisation de la société est en marche.

Je plaisante bien sûr. Cet événement n’est pas LE point de bascule. Il y en a une multitude d’autres.

L’homme, une femme comme une autre ?

Je pense par exemple à ce jour où les premiers hommes renoncent à porter des chaussettes. On voit alors des pieds nus émerger des baskets, parfois des mocassins. C’était une des différences importantes entre les hommes et les femmes. Les femmes portaient des bas, ou des collants, ou ne portaient rien dans leurs chaussures. Elles offraient alors aux regards des hommes de magnifiques longues jambes imberbes. Les hommes, eux, portaient des chaussettes, fines en fil d’écosse pour les élégants, en grosses mailles pour les sportifs, en coton bariolé pour les nostalgiques de BD ou blanches pour Michael Jackson. Et puis la féminisation arrive et les hommes retirent leurs chaussettes, ou les rendent invisibles, et l’on voit alors ces messieurs offrir aux regards des femmes, et des autres hommes aussi, de magnifiques longues jambes, si possible bronzées et imberbes, émergeant de leurs baskets.

Dépourvues de chaussettes, les jambes des hommes se sont féminisées.

Autre évolution, les jeunes hommes se mettent à porter des sacs en bandoulière. Eux qui ont toujours voyagé légers, n’emportant presque rien avec eux, décident de se charger de tas de choses. Souvent inutiles. Cette habitude de trimbaler quantité de choses avec soi est jusqu’alors l’apanage des femmes. Les hommes, eux, se baladent les mains dans les poches, ou avec une « banane » autour de la taille. Et puis soudain, on ne sait pourquoi, les hommes ont besoin d’avoir sous la main quantité de choses. Cela avait commencé avec le sac-à-dos, façon baroudeur urbain, prolongement nostalgique des années d’école. Mais l’objet est vite devenu ringard, comme l’attaché-case qu’arboraient virilement les héros des entreprises dynamiques. Aujourd’hui, le jeune urbain porte un sac, en bandoulière sur les épaules, s’il est de bonne taille, ou barrant sa poitrine, s’il est plus petit. Bref, l’homme adopte le sac à main des femmes, dans toutes ses variantes, sac qu’il faut renouveler souvent, car la mode change vite...

La cravate, bien sûr, est jetée aux oubliettes ! Sa forme faisait trop penser à un phallus. C’était une provocation d’en porter une en public, sous le regard des femmes. La cravate, disparue, les hommes commencent à défaire quelques boutons de leur chemise, pour laisser entrevoir un peu de chair, parfois pour dévoiler un joli collier. Je n’ose pas dire un décolleté, même si la vision de pectoraux ou d’un tatouage est assez tendance !

Ils se mettent à porter des anneaux aux oreilles, et quantités de bracelets aux poignets. Une nouvelle silhouette masculine se dessine, une silhouette très étudiée qui demande le matin de plus en plus de temps pour l’élaborer. La durée de la toilette masculine s’allonge.

Les hommes se mirent à prendre soin de leur visage et passèrent de plus en plus de temps dans la salle de bain.

En effet, ces nouveaux hommes se sont rendu compte qu’il était indispensable de se passer sur le visage, le matin avant de sortir, le soir avant de se coucher, et parfois entre midi et deux, une crème hydratante, et même des crèmes régénératrices les lendemains de nuits un peu courtes. Une légère petite teinture est bienvenue pour estomper les premiers cheveux blancs. Et l’on fait la chasse au poil. Jambes épilées, torse épilé, aisselles épilées et même sexe épilé. Les poils rebelles sont bannis. Trop masculin, le poil ! En revanche, une pilosité domestiquée, soigneusement entretenue, dessinée avec goût, remplace la barbe des anciens hommes, j’allais écrire : des hommes préhistoriques. Cet attribut pileux devient un moyen pour l’homme d’ombrer légèrement son visage et de lui donner ainsi plus d’intensité. Mais attention ! Il ne faut pas qu’elle soit trop fournie, non, nos nouveaux hommes utilisent le poil comme un signal adressé aux femmes : « Je prends soin de moi ».

Ainsi naît un homme d’un genre nouveau. Et des publications humoristiques sur Facebook se demandent où sont passés les hommes d’autrefois et à quel moment « ça a merdé » ! :

Des publications sur les réseaux sociaux ironisent sur la féminisation des hommes.

À qui profite le crime ?

La féminisation de la société s’est donc engagée dans deux voies simultanément : la première a consisté à permettre aux femmes de trouver une égalité de droit et de traitement, notamment dans la vie professionnelle. Elle a favorisé la correction d’une injustice qui n’avait que trop duré.

Même si tout n’est pas parfait, loin de là, les femmes rencontrent aujourd’hui moins d’obstacles à leur progression sociale et occupent de plus en plus des postes de responsabilité. Ainsi, dernièrement, le secrétaire de la CGT, Philippe Martinez, a été remplacé par une femme, Sophie Binet. Le secrétaire de la CFDT, Laurent Berger, a, lui aussi, été remplacé par une femme, Marylise Léon. Le président de la République s’est efforcé de préserver une parité entre les femmes et les hommes au sein du gouvernement, et il a nommé une femme, Elisabeth Borne, au poste de Première ministre.

Ce sont là des évolutions positives, mais ce mouvement de la société s’est engagé, comme on l’a vu, dans une autre voie, celle de la féminisation des hommes. Or la première évolution n’était pas censée conduire inéluctablement à la seconde. Pour donner plus de place aux femmes dans la société, il n’était pas nécessaire que les hommes eux-mêmes se féminisent. Alors, que s’est-il passé ?

En fait les marchands qui gouvernent le monde se sont dit que cette féminisation des hommes serait une très bonne chose pour le commerce en créant de nouveaux besoins et donc de nouveaux marchés. Et cela relancerait une consommation un peu stagnante. Ils se sont donc employés à la favoriser.

On sait en effet que les femmes consomment plus que les hommes. Deux raisons à cela. Elles sont souvent chargées de faire les courses pour toute la famille. Et, deuxième raison... elles adorent ça. Les soldes déclenchent chez elles une frénésie parfois incontrôlable.

Le shopping était autrefois une corvée pour les hommes.

De fait, la plupart des spots publicitaires s’adressent aujourd’hui aux femmes. Ces dernières années, cette évolution est devenue caricaturale. Dans les publicités, la femme est toujours présentée comme très intelligente et l’homme comme un benêt indécrottable ! On cajole la femme, on la caresse dans le sens du poil. L’homme en prend un coup, mais les publicitaires s’en moquent, ce n’est pas lui qui fait les courses. Tout cela n’est quand même pas très bon pour le moral des hommes. Les féministes les présentaient déjà comme des brutes à la « masculinité toxique » [6], elles les font maintenant passer pour des débiles profonds !

Cette publicité pour Rubson est un parfait exemple de mise en scène d’une femme très maligne et d’un homme un peu dépassé.

Mais l’audimat impose sa dure loi. Autrefois, les audiences mesuraient l’impact des programmes sur l’ensemble de la population et aussi sur ce qu’on appelait « La ménagère de moins de 50 ans ». Cette notion de « ménagère » étant devenue un peu vieillotte, on parle désormais de « Femme responsable des achats de moins de 50 ans », les FRA-50a, c’est quand même plus stylé. On a donc le matin les audiences des programmes de la veille, avec pour chaque émission, la part de marché pour les plus de quatre ans, et la part de marché pour les « FRA-50a », cible privilégiée des annonceurs.

Voici par exemple l’audience de la série « Les randonneuses » (épisodes 3 et 4) diffusés le 22 mai 2023 :
Le journal FEMIN ACTU écrit : ’Notez que le premier épisode [de la soirée] affiche jusqu’à 4,4 millions de téléspectateurs [tvsp] et que la chaîne était aussi leader sur la très prisée cible des femmes de moins de 50 ans responsables des achats [FRDA-50a]’ [1].

Du coup, les programmes eux-mêmes ont évolué dans la même direction. Aujourd’hui, dans les séries télévisées, la plupart des inspecteurs de police sont... des inspectrices. Naturellement hyper douées, hyper compétentes, avec sous leurs ordres des adjoints assez balourds, qu’elles traitent comme des chiens. Amusez-vous à inverser les répliques. Faites dire à un homme ce qu’une inspectrice dit à un adjoint dans une série, vous verrez, c’est insupportable !

« Les Petits meurtres d’Agatha Christie »

L’évolution de la série « Les Petits meurtres d’Agatha Christie » est assez éloquente à cet égard. Dans la première saison (2009-2012), les enquêtes sont menées par deux hommes. Dans la seconde (2013-2020), elles sont menées par un homme et par une journaliste. Dans la troisième (depuis 2021), elles sont menées par une femme commissaire affublée d’un adjoint attardé mental.

Saison 1 - Les deux policiers : Antoine Duléry et Marius Colucci.
Saison 2 - Blandine Bellavoir (la journaliste), Samuel Labarthe (le commissaire) et Elodie Frenck (sa secrétaire).
Saison 3 - Chloé CHAUDOYE (la psychologue du groupe d’enquête), Arthur DUPONT (l’adjoint) et Émilie GAVOIS-KAHN (la commissaire).

Il s’agit de provoquer une « identification » positive. En regardant ces programmes, la femme doit se sentir valorisée ; ainsi, quand arrive la publicité et qu’elle voit une femme faire des choix de consommation, elle est tentée de l’imiter.

Toutes les héroïnes des séries et des téléfilms sont désormais des femmes. Comment réagissent les hommes ? Les plus jeunes ont fui la télévision depuis longtemps pour se réfugier ailleurs. L’idée de voir leur mère tous les soirs à la télé, en héroïne du quotidien, leur hérisse le duvet. Quant aux maris, ils prennent leur mal en patience en attendant le jour béni où la télé diffusera un match de football. Vingt-deux hommes d’un coup, ça compense un peu la féminisation des programmes le reste du temps.

Les professionnels de la télévision savent que s’ils mettent des hommes comme héros d’une série ou d’un téléfilm, l’audience va chuter. Le mouvement semble inexorable.

Mais l’audimat est une belle excuse. En fait, il faut féminiser à outrance les programmes. Regarder aussi les reportages. On donne plus souvent la parole aux femmes qu’aux hommes. Mais bizarrement, dans les documentaires, le rapport des sexes s’inverse et ce sont les hommes qui dominent. La télévision donne donc plus de place aux femmes qu’elles n’en ont réellement dans la société. Est-ce justement pour faire avancer la société ou pour satisfaire les objectifs des annonceurs ?

Les publicitaires sont toujours à l’affût des évolutions de la société. Ainsi, quand ils ont vu que les hommes se mettaient à prendre soin d’eux, à faire eux aussi du shopping, à suivre les modes au quart de tour, à s’acheter des crèmes, des sacs à main, ils se sont dit qu’il y avait là un filon. La féminisation des hommes allait doper les ventes. Ainsi naquirent les premières gammes de soins du visage pour les hommes, For Men… et la mode unisexe. Au fond, les hommes étaient des femmes comme les autres, et il fallait réveiller cette part féminine qui sommeillait en eux et qui pouvait rapporter gros.

Pas la peine de se torturer la tête, la féminisation de la société est favorisée par les marchands pour augmenter la consommation. Peu importe que cela accélère le réchauffement climatique. Business is business. En fait, derrière cette apparente « guerre des sexes » se cache une guerre commerciale terrible pour pousser les hommes à adopter les mêmes modes de consommation que les femmes.

La féminisation de la société a aussi un autre objectif : rendre les comportements des hommes moins rationnels et davantage guidés par l’émotion. Traditionnellement, on considère que les hommes analysent plus froidement les situations que les femmes. Les hommes seraient plus « cerveau gauche » (dominante rationnelle) et les femmes plus « cerveau droit » (dominante émotionnelle). Ces dernières sont plus sensibles et plus sujettes à laisser parler leurs émotions. Or une part importante de l’acte de consommer est irrationnelle. La publicité joue plus sur l’émotion que sur la raison. Si l’on réfléchit un peu, on consomme moins, ou autrement. En développant la part émotionnelle de l’homme, on favorise le commerce. Comment s’y prend-on ? Par exemple en transformant les événements sportifs en grand-messe émotionnelle. Rappelez-vous le public des matchs de tennis d’autrefois. Il suivait stoïquement le mouvement de la balle d’un côté à l’autre du court. Et comparez avec le public surchauffé d’aujourd’hui...

On multiplie aussi les émissions de télé-réalité où, côté femmes comme côté hommes, on laisse aller ses émotions en permanence. Pas une once de réflexion, que du ressenti brut. Les participants sont d’ailleurs choisis parmi des personnalités dites borderline, c’est-à-dire des personnes qui se laissent souvent envahir par leurs émotions de manière incontrôlée.

Regardez comment un homme dans une série d’aujourd’hui réagit quand on lui annonce la mort d’un proche : ils se met à pleurer et à gémir « comme une fillette ». Regardez comment un homme réagissait face à la même situation dans une série d’autrefois : il encaissait sans broncher. Dans les fictions modernes, il n’y a aucune différence entre la réaction d’un femme et celle d’un homme. L’homme d’aujourd’hui se doit d’exprimer des émotions, on apprécie même que le scénario mette en valeur ses faiblesses, ses failles, ses fêlures, sinon il passe pour un être froid, insensible. On est loin des personnages taillés dans le roc des fictions d’hier dont on voulait au contraire montrer la force de caractère, le courage, la solidité. Autre temps, autres mœurs...

Quand on regarde la télévision aujourd’hui, on comprend que l’important n’est pas de faire « marcher ses petites cellules grises » selon la formule du détective Hercule Poirot mais de susciter des émotions. Tous les programmes mettent en avant l’émotion, même si elle n’en est pas le ressort essentiel. Ainsi la victoire d’un sportif ou d’un participant à un jeu télévisé ne déclenche pas, comme on s’y attendrait, de l’admiration ou du respect, mais des éruptions de larmes et de cris de joie. Chaque entrée d’un artiste sur scène est accompagnée de hurlements, d’applaudissements déchaînés. C’est si émouvant ?!

Ainsi drogués à l’émotion jusqu’à l’overdose, les hommes, plutôt calmes avant, se mettent à pleurer... de rire, de joie ou de douleur, peu importe. À pleurer et à rire, à exulter, à sauter sur leur fauteuil, à s’embrasser à tour de bras. Tout cela est bon pour le business, se disent les marchands. Les hommes vont moins réfléchir avant d’acheter. Désormais, les hommes sont priés d’acheter une voiture non pour ses qualités mécaniques, sa ligne, son confort ou sa consommation, mais pour les émotions qu’elle va leur procurer ! Etonnant !

Et tant pis pour l’épuisement des ressources et l’extinction des espèces !

Malheureusement cette féminisation des hommes pour stimuler les ventes de choses inutiles a des conséquences très graves…

Être hétéro, c’est ringard !

Publication sur facebook.

En quelques années, on est passé brutalement d’une répression sordide de l’homosexualité à une ringardisation de l’hétérosexualité ! Il n’y a pas si longtemps, l’homosexualité était un délit, voire un crime. L’auteur anglais Oscar Wilde, pour avoir fréquenté d’un peu trop près le fils du marquis de Queensberry — l’homme qui a édicté les règles de la boxe anglaise — fut enfermé deux ans dans la geôle de Reading. À l’époque, on pourchassait ceux qui se livraient à la sodomie !

En France, il fallut attendre la loi du 7 août 1982 pour que l’homosexualité soit « dépénalisée » [7]. C’était une promesse de campagne de François Mitterrand.

En octobre 1999 — toujours grâce à la gauche — une loi a créé le « Pacs ». Non seulement l’homosexualité n’était plus un délit, mais elle était reconnue. La loi permettait notamment de protéger les partenaires homosexuels en cas de décès. Le dispositif fut d’ailleurs autant apprécié des homos que des hétéros ! Ce qui a favorisé une banalisation de l’homosexualité et son assimilation à une pratique du même tonneau que l’hétérosexualité.

Et puis — toujours grâce à la gauche — une loi du 17 mai 2013 a autorisé le mariage homosexuel, le « mariage pour tous ».

Enfin, pour clore cet historique, une loi du 21 février 2022 a autorisé l’adoption pour tous les couples, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels. Cette loi est ainsi venue parachever le rapprochement, non seulement légal mais aussi sociétal, de l’homosexualité et de l’hétérosexualité. Au fond, de ce point de vue juridique et rituel, on peut dire que l’homosexualité est devenue une sorte de variante de l’hétérosexualité. Mêmes droits, mêmes rituels.

C’est forcé, bien sûr, mais ce n’est pas tout à fait faux. En tout cas, cet arsenal juridique, qui a permis aux homosexuels de mener une vie normale, a banalisé l’homosexualité.

Le Marais n’est plus aussi gay

Il n’y a pas si longtemps, l’homosexualité était si mal vue que les homosexuels qui habitaient en province, dans des villes où tout se sait, ont émigré vers Paris, et se sont installés dans le quartier du Marais, lequel, en quelques années, est devenu le quartier gay de la capitale. Les occupants de ce quartier se sentaient enfin libres de vivre au grand jour leurs préférences. Commerces, restaurants, bars, tout était gay dans ce quartier. Les homosexuels s’y sentaient vraiment à l’aise. Ils n’avaient plus à se cacher.

Mais tout le travail des gouvernements de gauche a permis à l’homosexualité d’être mieux acceptée par la société. Du coup, le Marais s’est transformé. Il n’est plus aujourd’hui le ghetto gay qu’on a connu autrefois. En quelques années, il s’est métamorphosé. Les établissements phare qui faisaient l’âme du quartier ont fermé les uns après les autres. Les homosexuels vivent désormais un peu partout dans la capitale et ne ressentent plus le besoin d’habiter un quartier « gay friendly ». Le Marais a ainsi perdu sa folie. Faut-il le regretter ou au contraire y voir le signe d’une « normalisation » ?

Tous homos ?

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L’évolution de la loi a été favorisée par un progrès notable des mentalités. À mesure que la société s’est féminisée, l’homosexualité a été de mieux en mieux acceptée. De nombreux artistes qui, par crainte de déplaire à leur public, jouaient aux hétérosexuels, se sont mis à faire leur « coming out ». On se souvient de Pierre Palmade épousant Véronique Sanson pour faire taire les rumeurs sur son homosexualité. Ou des multiples aventures féminines attribuées par la presse à Thierry Le Luron qui était en fait amoureux d’un danseur rencontré dans un show télévisé. On cacha même qu’il était mort du SIDA, la maladie qui frappait surtout les homosexuels à l’époque.

Aujourd’hui, il n’y a pas que les artistes qui font leur « coming out », les animateurs de télévision aussi, et les hommes politiques, ministres en tête, et quelques rares sportifs.

Au point qu’aujourd’hui faire son « coming out » est presque devenu un non-événement : soit les gens ont deviné depuis longtemps votre homosexualité, soit ils s’en moquent.

Ce double changement des mentalités et de la loi a rendu l’homosexualité beaucoup plus visible. Autrefois vécue dans l’ombre, dans la culpabilité parfois, elle est aujourd’hui « entrée dans les mœurs ».

C’est l’occasion pour les défenseurs de la féminisation de la société, de ressortir les vieux dossiers ! Et c’est le quart d’heure de célébrité de la bisexualité. On ne va pas jusqu’à dire que tout hétérosexuel est un homosexuel qui s’ignore, non, mais on laisse entendre que pas mal d’entre eux seraient des bisexuels refoulés, des hommes qui étoufferaient leur féminité sous la pression de la société machiste ! Et on cite alors les Anciens : les Egyptiens, les Grecs, les Romains, qui pratiquaient tous, ou presque, la sexualité avec les deux sexes. On cite par exemple Alexandre le Grand — excusez du peu — qui était marié avec Roxane mais était aussi amoureux d’Héphaestion, un général macédonien.

Les médias développent aussi l’idée qu’à y regarder de près, au-delà des préjugés et des non-dits, entre l’hétérosexualité et l’homosexualité, il y a de moins en moins de différence. Ainsi, dans sa chronique du 1er février 2023, Ambre Chalumeau, chargée de la culture dans « Quotidien », l’émission de Yann Barthès sur TMC, présente avec gourmandise « L’homme pénétré » une BD de Martin Py et Zoé Redondo [8]. On apprend ainsi que la moitié des hommes hétérosexuels ont déjà été pénétrés par une partenaire [9].

Ambre Chalumeau présente la BD « L’homme pénétré » dans « Quotidien ».

Dans cette époque où le genre est mis sur la sellette, la féminité des homosexuels est présentée comme une supériorité.

Beaucoup de femmes se sentent attirés par les homosexuels, qu’elles trouvent quand même plus sensibles, plus fins, plus empathiques. Elles ont souvent un ami homo qui est leur confident privilégié. Fini les confidences à sa coiffeuse, c’est désormais à son ami gay qu’on raconte tout ! Et l’on sait que lui, il ne vous écoute pas pour passer le temps en attendant de vous retrouver dans un lit. Le gay n’est pas intéressé. Mais comme c’est malgré tout un homme, il y a des choses qu’il comprend mieux que sa coiffeuse.

Le copain, lui, essaie de voir l’amitié de son amie avec un gay comme une chose sympathique. Même si cela le déstabilise un peu. Qu’est-ce que cet homme-là a de plus que lui pour être devenu aussi intime avec son amie ? Cette intimité, qu’il feint naturellement de trouver très cool, sous peine de passer pour un rétrograde, l’agace quand même. Le voilà rabaissé à un rôle sexuel, la complicité, l’intimité, l’amitié même, étant dévolue au copain gay. « Qu’est-ce que ma copine lui dit qu’elle ne me dit pas ? » Pas facile à vivre.

D’autant que la copine n’a de cesse de mettre en avant l’avis de son copain gay. « Machin pense que… ». « Si Machin te voyait avec ce tee-shirt… ». « Machin n’irait sûrement pas dans ce genre de lieu ». Bref, le copain se paie du Machin à longueur de journée. Machin est devenu l’arbitre des élégances, l’étalon du bon goût masculin.

Et là, le copain est surpris, car les femmes, qui, habituellement, ne tolèrent que leur avis, ou, à la rigueur, celui de leurs copines, mais jamais celui d’un homme, se mettent à valider, à survaloriser même, l’avis d’un homme, d’un gay. Le pauvre copain se sent humilié. Car il ne voit pas bien comment il pourrait compenser son handicap ! « Tu pourrais prendre modèle sur Machin... » est la phrase qui tue. Prendre modèle... jusqu’où ?!

Du coup, il se met à détester les homosexuels !

L’homophobie est en hausse !

Alors que tout au long des années récentes, l’homosexualité a été de mieux en mieux acceptée, on assiste aujourd’hui à un revirement profond des perceptions.

Autrefois, pour se définir en tant qu’homme, l’adolescent se comparait aux femmes. Et un homme qui ne présentait pas des traits de caractère virils était traité de « gonzesse ». Mais la féminisation de la société a changé cette perception et cette insulte ne passe plus. Être une femme ne peut plus être une insulte ! Puisque les hommes eux-mêmes, en masse, prennent les femmes comme modèle.

De ce fait, l’adolescent en quête d’identité virile va plutôt se définir par opposition… aux homosexuels. Il ne va plus traiter ses copains moins « couillus » de « gonzesses » mais de « tapettes ».

Des études récentes montrent une montée de l’homophobie :

« L’homophobie progresse en Europe. Les agressions physiques ont augmenté en 2019. En France, par exemple, 1 900 crimes et délits homophobes ont été recensés l’année dernière (2019), c’est 3 fois plus qu’il y a 3 ans. [10] ».

Au début de l’année 2023, un adolescent de treize ans, Lucas, harcelé par ses camarades en raison de son homosexualité, a fini par se suicider. Ce qui a poussé Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation de l’époque, à lancer une campagne de sensibilisation contre l’homophobie à l’école [11].

L’intolérance vis-à-vis de l’homosexualité est accentuée par le fait qu’elle semble s’imposer de plus en plus comme une sorte d’idéal masculin, reléguant l’hétérosexualité au rang des antiquités. Nous sommes ainsi entrés dans une sorte de compétition entre les homos et les hétéros, qu’on ne peut pas vraiment appeler une compétition sexuelle, et pour cause, mais qui est d’une nature supérieure, une compétition sur ce qui est l’opposé de la femme. L’opposé de la femme n’est plus l’homme viril, mais l’homosexualité. Et c’est ainsi que l’opposé devint un ennemi.

Les adolescents l’ont bien compris ; c’est désormais la « tapette » qu’ils ont dans le viseur et non plus la « femmelette ». Devant la difficulté de s’opposer frontalement aux femmes, certains hommes s’en prennent aux homosexuels.

Le 23 août 2023, le journal Le Monde publie un article sur l’homophobie dans le milieu du football. On peut y lire ceci :

« Des propos homophobes du milieu de terrain messin Kévin N’Doram, le 18 août, ont provoqué l’indignation et lui vaudront peut-être des sanctions. En colère après un début de match raté contre l’Olympique de Marseille, il a déclaré à la pause, au micro de Prime Video, que les joueurs de son équipe jouaient « comme des tapettes » [12] ».

Ce phénomène inquiétant se répand. On a ainsi vu apparaître une « nouvelle mode dans le foot masculin » comme l’appelle la revue Têtu : des footballeurs ont refusé de porter un maillot avec le logo arc-en-ciel, à l’occasion de la journée de lutte contre les LGBTphobies, le 17 mai. Dans son article, la revue Têtu écrit ceci :

« L’an dernier, l’absence d’Idrissa Gueye, milieu de terrain du PSG, avait fait grand bruit. À l’approche de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le footballeur s’était fait porter pâle pour un match au cours duquel les joueurs devaient porter des maillots floqués des couleurs de l’arc-en-ciel, dans le cadre de la campagne annuelle de la Ligue de football professionnel (LFP) sous le slogan »Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot« . Le journal Le Parisien avait alors révélé qu’en fait d’indisposition, il s’agissait d’ »un refus motivé par des convictions religieuses«  [13]. »

Quant aux femmes, depuis le lancement du mouvement #MeToo (voir le post-scriptum), elles libèrent leur parole et dénoncent tous ceux qui les ont poussées à faire ce qu’elles n’avaient pas envie de faire. Des stars sont ainsi tombées : Nicolas Hulot, Patrick Poivre d’Arvor etc. La moindre drague un peu lourde est vécue comme une agression sexuelle. Le sexe faible ne l’est plus et entend se faire respecter. Quoi de plus normal ? Mais de là à soupçonner tous les hommes d’être potentiellement des féminicides, il y a quand même un sacré pas ! Tout cela perturbe les hommes dans l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, à savoir, celui qui prend l’initiative et qui « force un peu le passage ». Un peu, c’est déjà beaucoup trop, rétorquent les femmes. Mais du coup, l’homme ne sait plus bien quelle attitude adopter face aux femmes. Tout devient compliqué, conflictuel.

Où sont les hommes ?

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En 1977, le chanteur Patrick Juvet, dans un de ses tubes, se demandait : « Où sont les femmes ? ». L’adolescent aujourd’hui, lui, se demande « Où sont les hommes ? ». En effet, quand un jeune mâle en construction des années 2020 se cherche des modèles, que trouve-t-il ?

Les anciens symboles de virilité n’ont plus la cote. Si leurs aînés ont été bercés par les cow-boys, avec leur barbe rebelle, leur sueur sous les bras, leurs bottes pointues à éperons, leur chique et leur Colt, ces héros violents et pas très propres ne sont plus du tout d’actualité ! Et je ne dis rien des personnages body-buildés qui ont envahi les écrans dans les années 50-60, les Hercule, Maciste et autres acteurs de péplums italiens à la force incroyable. Conan le Barbare fut sans doute le dernier représentant de cette espèce aujourd’hui disparue, le héros musclé, demi-dieu quasi mythologique. Il existe encore des musclés au cinéma, comme Vin Diesel pour n’en citer qu’un, mais font-ils rêver les adolescents ?

Dans les années 90, beaucoup de jeunes, notamment dans les cités de banlieue, ont trouvé un modèle de virilité en la personne de l’acteur mythique Bruce Lee. Sa virtuosité a poussé pas mal d’entre eux vers les salles d’arts martiaux ou de boxe pieds-poings. Mais dans ces sports-là aussi, la féminisation joue à plein et beaucoup de clubs survivent grâce aux « féminines ».

Les femmes pratiquent aujourd’hui des sports autrefois réservés aux hommes les plus agressifs et les plus durs au mal : arts martiaux, boxe pieds-poings et même MMA...

Parmi les causes de la féminisation de la société, on cite souvent l’arrêt du service militaire. C’était l’occasion de mettre en œuvre des qualités viriles : maîtrise de soi, endurance, courage, solidarité, etc. Ce passage par la case « guerrier » n’existe plus et les militaires n’ont plus guère la cote. Rambo, le mercenaire aux muscles saillants et au torse huilé, joué par Sylvester Stallone, nous a fascinés, hypnotisés par son courage, son audace, sa force, son endurance, mais il est devenu une caricature, presqu’une insulte.

Sylvester Stalone dans le film « Rambo ». Le mythe du héros solitaire redresseur de tort, à l’audace et à l’efficacité redoutables est aujourd’hui tourné en dérision.

Tous ces héros virils du passé, qui pouvaient donner aux adolescents, sinon des modèles, du moins des repères, sont désormais totalement dépassés, jetés aux oubliettes. Les féministes les utilisent pour ridiculiser les hommes et leur virilité à deux balles. De la gonflette de macho tout cela !

Une autre évolution accroît le désarroi de la jeunesse. Beaucoup d’enfants sont élevés par des mères célibataires. Autrefois, le père, considéré comme le chef de famille, pouvait constituer un modèle pour le jeune. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Soit il est absent, soit il montre clairement qu’il est lui aussi en perte de repère sur sa virilité. Dominé chez lui par sa femme, dépassé par ses enfants, humilié par son employeur, il n’est plus vraiment perçu comme un héros. Il est devenu un « adulescent ».

Le tunnel générationnel

Le graffeur Wen2 a créé dans un tunnel à l’entrée de Brest (Finistère) une œuvre qui confronte la représentation de deux familles : l’une de 1937, l’autre d’aujourd’hui. Dans celle de 1937, le « père de famille » tire littéralement toute la famille. Dans celle d’aujourd’hui, le père fait du skateboard comme un adolescent. Saisissante image.

Le tunnel peint par Wen2 à l’entrée de Brest (Bretagne).
Le père en 1937.
Le père aujourd’hui.

Voir toutes les photos de ce tunnel ici.

Alors vers qui se tournent les adolescents ? De qui affichent-ils les posters dans leur chambre ? Les marchands préfèrent naturellement leur montrer des chanteurs comme Bilal Hassani qui doit dépenser des fortunes en vêtements, produits de beauté et prothèses. On met en avant tout ce qui peut leur faire renoncer à leur virilité pour adopter les codes féminins, beaucoup plus intéressants pour le commerce. Rambo ne rapporte rien. Bilal, si.

Article de vogue : « Bilal Hassani nous dévoile sa routine beauté du soir »

En fait, il y a un monde où être viril, où savoir se battre, se défendre, ne pas se laisser faire, faire régner sa loi, reste vital, c’est le monde des cités de banlieue [14]. C’est un environnement très dur qui ne fait pas de cadeaux aux faibles. Un environnement où les filles apprennent très tôt à se faire respecter. Dans cet univers sans pitié, être un homme, un vrai, a encore un sens. Et c’est dans cet univers sans pitié qu’est née une musique, le rap.

J’ai ainsi été très surpris de découvrir que mon jeune neveu, qui vit pourtant dans un quartier aisé de la capitale, écoutait du rap. Je me suis longtemps interrogé sur son goût pour cette musique tellement connotée « banlieue ». Et puis l’évidence m’est apparue ! En fait, pour se construire en tant qu’homme, il va chercher dans les rappeurs des modèles masculins, des modèles virils. Pourtant, les rappeurs sont parfois des caricatures masculines, avec grosse musculature, grosses chaînes autour du cou, grosses bagues aux doigts, gros tatouages, grosses cylindrées sous le pied, nanas super sexy dans les bras. Mais ils sont sa préférence. Il les préfère à Bilal Hassani.

Le rappeur Rick Ross.

Rien de surprenant à ce que le rap ait autant de succès auprès des jeunes ! Cette musique représente désormais les meilleures ventes. J’ai compris aussi pourquoi elle ne passe pas à la télévision, pourquoi on préfère mettre en avant… Bilal, justement, mais aussi Pierre Maere, révélation masculine 2023 aux dernières Victoires de la musique, qui ne cache pas son homosexualité. Et quantité de chanteuses : Angèle, Clara Luciani, Zaz, Pomme, La Zara, Juliette Armanet, et j’en passe [15].

Justement aux Victoires de la musique 2023, le rappeur Tiakola, nommé dans la catégorie des révélations, a été très surpris de ne pas être choisi par le jury, alors qu’il cartonne dans les ventes. Mais on lui a préféré Pierre Maere. Business is business. Toujours mettre en avant l’homosexuel, le féminin.

Révélation des Victoires de la musique 2023 : Lujipeka, Jacques, Tiakola et Pierre de Maere.

La télévision, qui féminise à outrance ses programmes pour plaire aux annonceurs et surtout à la fameuse « Femme responsable des achats de moins de 50 ans », ne va pas promouvoir les rappeurs ! Soit elle passe Bilal, soit elle passe des chanteuses, soit elle passe des homosexuels, mais passer de vrais hommes sortis des cités, presque des cavernes, non, le contraste avec les femmes au QI de 190 et les hommes soumis des publicités serait trop dur. Business is business [16].

La préférence de mon neveu m’a rassuré. Même si le rôle de la femme dans les clips de rap n’est pas toujours conformes à certains idéaux, je suis assez satisfait que cette guerre commerciale des sexes a généré une résistance, une lutte clandestine pour maintenir une dualité homme/femme. Car cette dualité est en fait indispensable, n’en déplaise aux féministes et aux marchands...

Jeunisme, féminisation, même logique ?

Où sont passés les vieux ?

Vous avez sans doute remarqué que l’on ne voit quasiment pas de vieux dans les publicités, sauf pour les contrats d’obsèques, les problèmes d’arthrose et les monte-escaliers. La raison en est simple : avec l’âge, la consommation décroît [17].

Évolution de la consommation totale selon l’âge.

Inutile donc de solliciter des gens qui n’achètent plus grand-chose. Il faut dire que les vieux ont depuis longtemps satisfait à peu près toutes leurs envies. De plus, ils sont peu sensibles aux modes et éprouvent moins le besoin de renouveler constamment leur garde-robe ou leur ameublement. Et puis, l’âge avançant, ils redoutent la dépendance et préfèrent garder leurs sous, par sécurité. Enfin, ils sont sensibles à la transmission de leur patrimoine.

Et ce qui est vrai des publicités l’est aussi des séries, forcément, puisque, pour plaire aux annonceurs, les chaînes calquent leurs programmes sur les cibles des publicités. Donc, dans les rôles principaux des séries et dans les présentations d’émissions [18], pas de vieux. Et de moins en moins d’hommes aussi, donc. [19].

Bref, par les temps qui courent, il ne fait pas bon être un homme âgé sur les chaînes de télévision... Même sur celles du Service public censées pourtant favoriser la mixité sociale...

Huguette (Marion Game) et Raymond (Gérard Hernandez), couple vedette de la série « Scènes de ménage » de la chaîne M6.

C’est un paradoxe car le couple préféré des téléspectateurs dans la série de M6 « Scènes de ménage », c’est celui des vieux, de Raymond et Huguette, interprétés par Gérard Hernandez (90 ans) et la regrettée Marion Game (décédée à l’âge de 85 ans). Comme quoi, les chaînes sont plus le reflet des intérêts des marchands que de la société...

Je ne suis pas sûr (je suis même sûr du contraire) qu’en continuant à mettre en avant les jeunes et en cachant les vieux, la télévision et la publicité rendent service à notre « vivre ensemble » et véhiculent une image harmonieuse de notre société.

Mais comme la féminisation, le jeunisme n’a pas d’autre but que d’encourager la consommation.

Au fond, où est le problème ?

On pourrait penser qu’après tout, si la société se féminise, si les hommes mettent en avant des valeurs moins guerrières, où est le problème ?

Je reviens alors à la citation de Vincent Cassel du début : « Si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu’il va y avoir un problème. ». Quel problème ?

D’abord, il me semble qu’une société, qu’un pays, doit conserver un capital de dangerosité. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, et il est bon que nous ayons dans la population des hommes capables de résister à l’adversité, d’où qu’elle vienne, et de quelque nature qu’elle soit. C’est à mon avis une sage précaution. Même si cela fait baisser la consommation ! Et une population qui est plus régie par l’émotion que par la réflexion est nécessairement en régression.

Donner une meilleure place aux femmes ne suppose pas de trop valoriser les valeurs féminines. On comprend qu’on ait pu le faire à un moment où il fallait rééquilibrer la balance hommes/femmes dans la société, instaurer une parité, mais quand la dépréciation des qualités viriles est dictée par des considérations commerciales, pour augmenter la consommation, là, je m’inquiète. Ridiculiser la virilité en permanence est dangereux.

Le premier danger, je l’ai dit, est de développer l’homophobie, alors que l’homosexualité commençait à être mieux acceptée dans la société.

Représentation des principes opposés yin et yang, féminin et masculin. Chaque principe contient en germe le principe opposé (point au centre).

Le second danger est d’un autre ordre, il est spirituel. L’harmonie du monde repose sur l’équilibre entre deux forces, le Yin et le Yang, le principe féminin et le principe masculin. On sait que chaque principe contient en germe le principe opposé. On a vu effectivement des femmes mettre en avant leurs qualités masculines pour arriver à des postes de responsabilité. On peut, pourquoi pas ? imaginer que la part féminine de l’homme prenne plus d’importance. Mais une femme doit rester une femme, et un homme un homme. Et cette « guerre des sexes », qui ne date pas d’hier, mais qui est aujourd’hui une guerre commerciale masquée, ne doit pas compromettre l’équilibre entre les forces Yin et Yang, sauf à faire basculer notre civilisation dans une indétermination sexuelle dangereuse pour sa survie. fin

« Balance ton quoi » par Angèle

Dans sa chanson sortie en 2019, la chanteuse Angèle incite à « balancer » son « quoi », qui fait sûrement référence au hashtag « Balance ton porc », utilisé pour évoquer différents témoignages des femmes victimes de harcèlement sexuels et qui a fait le tour de la toile après le scandale de l’affaire Weinstein [20].

Bizarrement, des passages de la chanson : « Laisse-moi te chanter / D’aller te faire en’hmm... », semblent suggérer que la chanteuse incite les hétérosexuels un peu trop pressants à opter pour la sodomie, donc l’homosexualité... Vraiment ?

Ils parlent tous comme des animaux
De toutes les chattes, ça parle mal
2018, j’sais pas s’qui t’faut
Mais je suis plus qu’un animal
J’ai vu qu’le rap est à la mode
Et qu’il marche mieux quand il est sale
Bah faudrait p’t’être casser les codes
Une fille qui l’ouvre ça serait normal

Balance ton quoi
Même si tu parles mal des filles
Je sais qu’au fond t’as compris
Balance ton quoi
Un jour peut-être ça changera

Balance ton quoi
Donc laisse-moi te chanter
D’aller te faire en’hmm
Moi j’passerai pas à la radio
Parce que mes mots sont pas très beaux
Les gens me disent à demi-mot
Pour une fille belle t’es pas si bête
Pour une fille drôle t’es pas si laide
Tes parents et ton frère, ça aide
Oh, tu parles de moi
C’est quoi ton problème ?
J’ai écrit rien qu’pour toi
Le plus beau des poèmes
Laisse-moi te chanter
D’aller te faire en’hmm
Ouais, j’s’rai polie pour la télé
Mais va te faire en’hmm

Balance ton quoi, ah, héé
Balance ton quoi, ah, oh
Balance ton quoi
Un jour peut-être ça changera
Y a plus d’respect dans la rue
Tu sais très bien quand t’abuses

Balance ton quoi
Balance ton quoi
Laisse-moi te chanter
D’aller te faire en’hmm
Moi j’passerai pas à la radio
Parce que mes mots sont pas très beaux
Laisse-moi te chanter
D’aller te faire en’hmm
Moi j’s’rai polie pour la télé
Mais va te faire en’hmm

Balance ton quoi, ah, héé
Balance ton quoi, ah, oh
Balance ton quoi

Même si tu parles mal des filles
Je sais qu’au fond t’as compris
Balance ton quoi, un jour peut-être ça changera
Balance ton quoi

Source : LyricFind
Paroliers : Angèle Van Laeken / Veence Hanao
Paroles de Balance ton quoi © Warner Chappell Music France.

Tous les audios de cet article sont regroupés en une playlist ici :

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Notes

[6Expression utilisée par une chroniqueuse de l’émission « Quotidien » et illustrée par le Haka des rugbymen de Nouvelle Zélande, les All Blacks.

[8Editeur : Boite A Bulles.

[16À noter que les rappeurs entretiennent avec la publicité un rapport très particulier, car ils citent souvent des marques dans leurs morceaux. En jouant les influenceurs musicaux, ils poussent eux aussi à la consommation...!

[18Hormis Michel Drucker, 81 ans en 2023.

[19France Télévision a décidé récemment d’arrêter deux séries qui pourtant avaient du succès : « Mongeville » avec l’excellent Francis Perrin (75 ans) et « Magellan » avec l’élégant Jacques Spiesser (75 ans lui aussi). Pourquoi ? Mystère ? Une question de cible ?

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PUBLIÉ LE : 15 septembre 2023 | MIS À JOUR LE : 9 avril 2024
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