En 1937, Paul Le Cour publie un ouvrage intitulé L’Ère du Verseau où il tente de démontrer que l’évolution spirituelle de l’humanité passe par différentes phases correspondant aux douze signes du zodiaque.
En observant le ciel, les Anciens avaient pris l’habitude de découper le ciel en douze tronçons, appelés « constellations », auxquelles ils avaient associé très librement une figure animale ou symbolique selon la forme que la disposition des étoiles qui s’y trouvaient leur évoquait. Ils avaient aussi remarqué que le soleil, dans son mouvement apparent, se levait dans une constellation différente à peu près tous les mois. De cette observation naquît la définition d’un « zodiaque », sorte de roue divisée en douze quartiers marquant les douze périodes de l’année.
Mystérieuse précession des équinoxes
La science moderne a permis de mettre en lumière un autre mouvement « apparent » du soleil. On a en effet constaté qu’au moment de l’équinoxe du printemps, le soleil ne se lève pas, de nos jours, dans la même constellation qu’autrefois. Le soleil donne ainsi l’impression de « reculer ». C’est le phénomène dit de la précession des équinoxes :
Telle une toupie perdant de son élan, la Terre oscille sur son axe en décrivant dans l’espace un grand cercle tous les vingt-six mille ans. Cette oscillation fait constamment varier les points d’intersection de l’équateur céleste avec le plan de l’écliptique, et donc les équinoxes. Celui de printemps recule sur l’écliptique d’une constellation entière en 2.166 ans, soit un douzième du temps nécessaire à la Terre pour effectuer une oscillation.
Ainsi, pendant plus de deux mille ans, la même constellation se lève avec le Soleil le jour de l’équinoxe de printemps et donne son nom à l’âge correspondant.
La découverte de ce phénomène est très ancienne [2] mais on doit à Paul Le Cour d’avoir établi un parallèle entre cette succession de cycles de 2.166 ans et les transformations religieuses de l’humanité. Si nous remontons le cours du zodiaque, nous sommes actuellement à la fin de l’Ère des Poissons commencée avec la naissance du Christ.
Auparavant, l’humanité a été influencée par l’Ère du Bélier et encore avant par l’Ère du Taureau. Depuis quelques années, nous « glissons » insensiblement de l’Ère des Poissons vers l’Ère du Verseau.
L’Ère du Taureau commence il y a six mille ans (4000 avant J.-C.). Paul Le Cour écrit :
Nous trouvons pendant toute cette période en Égypte, en Crête, en Chaldée, en Assyrie, des religions ayant le taureau pour emblème de la divinité. De même, à cette époque, se situe le dieu Thor de la mythologie scandinave… En Égypte, le bœuf Apis est en réalité un Taureau… En Perse, il y a dans le Zend Avesta des prières au taureau sacré… Il existe aussi en Babylonie des représentations du dieu taureau à tête humaine dont on peut voir des spécimens au Louvre. Ils datent eux aussi du cycle du Taureau du cycle du Taureau zodiacal…
Paul Le Cour multiplie ainsi les exemples montrant une correspondante troublante entre les pratiques religieuses de cette époque et l’Ère du Taureau. Il poursuit la même démonstration avec l’Ère du Bélier, deux mille ans plus tard :
Sur la tombe du pharaon Seti 1er, mille cinq cents ans avant J.-C., figure un bélier dont la tête est surmontée d’un globe solaire. Nous sommes au moment de l’exode. C’est, en effet, pendant l’Exode que Moïse reçoit, sur le Sinaï, les instructions de l’Éternel défendant aux Hébreux de continuer à adorer le veau d’or (le taureau Apis) et ordonnant de le remplacer par le bélier… Le nom d’Abram, devenu par la suite Abraham, est lié aux traditions de ce cycle. En effet, Abram signifie « venu du bélier » ou « fils du bélier ».
Nous vivons le passage de l’Ère des Poissons à l’Ère du Verseau
Puis vient l’Ère chrétienne abondamment marquée par les poissons : « Les premiers chrétiens dessinaient un poisson pour se reconnaître ». « Du mot ICHTUS, « poisson », on tirait par anagramme « Isous Christos Théos Uios Socer » (Jésus Christ Dieu, sauveur des hommes »). C’est l’époque où nous sommes d’humbles pêcheurs… de poissons ! Et parmi les prodiges accomplis par le Christ, il y a la fameuse pêche miraculeuse…
Nous serions en train d’entrer progressivement dans l’Ère du Verseau, une période où l’humanité va accéder à de nouvelles connaissances spirituelles, grâce à l’eau que Ganymède est censé déverser sur le monde...
En étudiant ce phénomène de « précession des équinoxes » et la succession d’ères spirituelles qui en découle, dans l’ordre inverse du zodiaque, il me vient soudain l’idée d’associer chacune de ces ères à une pratique sportive particulière !
Il m’apparaît alors que la prédominance d’un certain type d’activité sportive semble traduire les efforts de l’homme pour se libérer totalement des forces terrestres qui le limitent. Ainsi, à l’Ère du Taureau, symbolisée par de nombreux sacrifices d’animaux, est liée la lutte de l’homme pour surmonter la contrainte de ses instincts. On en conserve une trace dans la corrida. Les combats des gladiateurs contre les lions en sont aussi une survivance barbare.
Le Bélier est symboliquement associé aux éléments matériels, à la confrontation avec le monde physique. Or, cette période de notre histoire (de moins deux mille ans à la naissance de Jésus-Christ), est marquée par les Jeux Olympiques, dont les principales épreuves sont justement symboliques de la confrontation de l’homme avec les éléments du monde physique : le temps avec la course, l’espace avec les sauts, la pesanteur avec les lancers et les différents exercices de gymnastique.
La boxe, le sport emblématique de l’Ère des Poissons
L’Ère des Poissons, commencée il y a deux mille ans avec la venue du Christ, est marquée par l’affrontement de deux frères ennemis, de deux fils de Dieu, le Christ et le Malin — autrement dit, le Bien et le Mal. Or, le signe des Poissons est justement représenté par deux poissons jumeaux, alignés horizontalement l’un en face de l’autre en sens contraire. Cette dualité d’opposés correspond bien au mythe de l’affrontement sur Terre (le plan horizontal) de deux forces opposées.
Il est évident que la boxe incarne parfaitement cet affrontement. Par un jeu de miroir, ce sport représente en effet le combat de deux jumeaux (les boxeurs sont toujours choisis dans les mêmes catégories d’âge et de poids), ce qui est une forme symbolique pour exprimer l’idée soutenue par les arts martiaux selon laquelle, au-delà des animaux, des instincts, du temps, de l’espace et de la pesanteur, le principal ennemi de l’homme, c’est lui-même. Ainsi, l’Ère des Poissons donne naissance à de nombreux sports qui, à l’image de la boxe, marquent l’affrontement des opposés, individuellement ou collectivement : football, rugby, baskets, tennis…
La fin de l’Ère des Poissons est censée marquer la fin de cette division en deux du monde, la fin des conflits, la fin de l’affrontement du Bien et du Mal. Au bout de deux mille ans de Christianisme, aucun des deux adversaires n’a triomphé de l’autre. Pendant le premier millénaire, l’esprit du Christ a civilisé le monde, puis, pendant les mille années suivantes, c’est le Mal qui s’est employé à saper méthodiquement l’œuvre accomplie. Les deux frères ennemis, les deux « Poissons », ont triomphé chacun à leur tour.
Avec l’Ère du Verseau, l’homme est censé passer à d’autres préoccupations…. Cette ère doit nous aider à mieux comprendre notre présence sur Terre. Au lieu de nous battre les uns contre les autres sur le plan horizontal, comme entre les cordes du ring, nous sommes supposés déposer les armes et renouer un dialogue vertical avec le ciel. Ce dialogue vertical est symbolisé par la « pluie » déversée depuis le ciel par le vase de Ganymède.
Quel pourrait être le sport de l’Ère du Verseau ?
Le sport qui se rapproche le plus de cette idée de travail sur soi, de progression personnelle grâce à un face à face avec soi-même (et non plus avec les éléments ou « l’autre »), me semble être le body-building. Ce sport est fascinant car il met en jeu une « alchimie » du corps humain, qui n’est pas loin de rappeler celle des alchimistes du Moyen Age qui voulaient trouver l’or dans le plomb, ou celle de la métamorphose de l’âme chère à C.-G. Jung, pour qui la réalisation de Soi étant aussi une transformation du plomb en or.
J’aurai l’occasion de revenir sur cette dimension secrète du body-building.
En tout cas, la correspondance que j’ai pu établir entre les ères spirituelles et les pratiques sportives est pour moi une découverte tout à fait inattendue. Mais ce n’est sans doute pas si surprenant... Ne dit-on pas que le corps et l’esprit ne font qu’un...!