Comment mener une démarche spirituelle ?
Les religions sont censées répondre à cette question. Elles décrivent une transcendance (une volonté supérieure et une survie de l’âme après la mort) et une pratique quotidienne (respect de principes moraux, rituels accomplis seuls ou en commun, etc.). Elles définissent aussi l’enjeu majeur de la vie : gagner sur terre son paradis après la mort. Malheureusement, l’époque a plutôt comme enjeu le plus répandu : gagner sur terre le maximum d’argent avant la mort. Pas étonnant que, dans ces conditions, le sentiment religieux recule...
Bien souvent, de la religion, on ne retient plus que l’aspect communautaire. Il est ainsi possible d’aller à l’église régulièrement sans croire en Dieu, ou croire en Dieu et envoyer des avions dans des tours de New-York. Notre pratique religieuse donne parfois l’impression de s’être vidée de toute spiritualité. Paradoxalement, on recourt à des signes extérieurs matériels comme la kipa, le voile... et même la barbe, pour attester de sa pratique spirituelle, quand tout le comportement au quotidien des individus qui s’affichent ainsi prouve le contraire... Le matériel comme preuve de l’immatériel !
Ce phénomène n’est pas récent, l’histoire de l’humanité nous montre de nombreux exemples de religieux ayant troqué la spiritualité pour l’adoration du pouvoir et de l’argent.
Mais pourquoi est-il donc si difficile d’avoir la foi aujourd’hui ? Peut-être parce que l’on nous a trop menti. Nous ne croyons plus en rien. Nous avons jeté Dieu avec nos autres croyances... La cupidité y est aussi pour beaucoup (ceci explique d’ailleurs cela). Une société dont la finalité est d’accumuler toujours plus de biens matériels voit naturellement la spiritualité s’évaporer ou se dénaturer. Spiritualité et matérialité sont dans deux vases communicants. Le niveau de l’un descend quand celui de l’autre monte, et inversement. Notre système économique - moderne représentant des marchands du temple du temps de Jésus - considère donc la spiritualité comme un ennemi et a tendance à mettre en avant tout ce qu’il y a de caricatural dans la pratique religieuse. Paradoxe de notre époque, cette pratique est présentée comme une menace pour notre société, alors que c’est notre système économique qui, chaque jour davantage, menace les individus, non seulement personnellement avec le chômage, la misère, l’accumulation frénétique de biens, le stress de la vie quotidienne, mais aussi collectivement avec la destruction des ressources de la planète et les dérèglements climatiques. Sans parler de l’esclavage des ouvriers dans les pays dits « émergents ».
Rien n’est perdu ! Mais comment retrouver la foi ? Voici quelques axes qui pourront vous aider à vous engager dans une démarche spirituelle. Ils sont naturellement issus de ma démarche personnelle et chacun sera sans doute plus sensible à tel ou tel aspect, franchira les étapes dans cet ordre ou un autre, mais les fondamentaux d’une vie intérieure riche et épanouissante sont les mêmes, quels que soient les individus, quelles que soient leurs croyances, quels que soient les époques et les lieux.
Étape n°1 - Séparer le corps et l’âme
Toutes les religions sont fondées sur le même principe : nous sommes composés de deux entités indépendantes mais interconnectées : un corps et une âme [1]. À la mort, les deux entités se séparent. Le corps se décompose dans la terre, l’âme monte au ciel. C’est sur le sort de l’âme ensuite que les religions divergent. Les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) expliquent que l’âme rejoint Dieu en attendant la résurrection tandis que pour les religions asiatiques, l’âme renaît dans un nouveau corps et l’aventure karmique reprend !
Pour retrouver la foi, quelle que soit notre croyance, il est donc primordial de prendre conscience de l’existence en nous de deux entités distinctes. Nous avons un corps, qui est notre véhicule temporaire, et une âme qui, elle, est éternelle. Or, nos sociétés ont exacerbé notre individualisme. Nous avons érigé le corps en véritable Dieu auquel nous vouons un culte quotidien et obsessionnel. Ce corps possède un nombril — notre petit ego — auquel nous vouons aussi un culte débridé. Nous avons du coup tendance à confondre notre personnalité avec notre ego. Nous avons le sentiment profond et puissant d’être la somme de nos émotions (j’aime/j’aime pas) et de nos désirs (charnels, matériels). Avec l’impérieuse nécessité d’exprimer nos émotions librement et de satisfaire nos désirs immédiatement. L’ego est une production mentale du corps. Ce n’est pas une structure inutile puisqu’elle assure notre survie physique dans ce monde. Mais le problème est que, bien souvent, elle n’est au service que d’elle-même. « Bon serviteur et mauvais maître », dit-on de l’argent. On pourrait en dire autant de l’ego et du corps, son bras armé.
Retrouver la foi consiste donc d’abord à laisser l’âme reprendre le contrôle de soi. Au cours de longues méditations, il faut prendre l’habitude de se considérer comme un « véhicule » habité par une âme, au service de laquelle nous sommes. Cette étape est primordiale. Elle décide de toute la suite, car, ce premier pas franchi, il faudra toujours examiner sa vie, ses pensées, ses actes « du point de vue de l’âme qui nous habite ». C’est la condition sine qua non de la démarche spirituelle.
Cette séparation de l’âme et du corps peut prendre du temps. De toute façon la patience est recommandée dans les processus de transformation de soi. Inutile d’espérer des résultats spectaculaires et rapides. Nous vivons une époque où les informations circulent à la vitesse de la lumière. C’est une bonne chose pour l’information, mais les métamorphoses intérieures prennent du temps, le découragement peut nous envahir, notre détermination est aussi testée par des épreuves insolites qui nous font douter d’avoir ouvert la bonne porte. Cela fait partie du jeu.
Il peut ne rien se passer en vous pendant des jours, des mois, des années. Et puis cela se produira au moment même où vous étiez prêt à renoncer. C’est ainsi. Les lois du monde spirituel ne sont pas celles du monde matériel. La persévérance est donc le maître mot ! Les progrès ne sont pas toujours visibles de l’extérieur. De toute façon, lorsque l’on mène une démarche spirituelle, il est préférable de ne pas en parler. Du moins au début, même si nous mourons d’envie de communiquer avec les autres sur cette nouveauté qui est en train de changer notre vie. C’est une loi naturelle, universelle, tout ce qui naît doit pousser à l’abri des regards : le foetus dans le ventre dans sa mère, le prématuré dans une couveuse, l’œuf dans sa coquille, la graine dans le sol, la plante dans sa serre, les projets dans le secret, etc...
Étape n°2 - Faire le calme en soi
Comment savoir si l’on a « réussi » la première étape ? C’est simple, la séparation entre le corps et l’âme permet de trouver facilement la paix en soi. Dans le quotidien, nous sommes agités par toutes sortes d’émotions, de pensées et de désirs, toutes choses qui sont produites par le corps et son associé mental, l’ego. La pratique spirituelle suppose que nous soyons capables de dominer ces manifestations de notre partie « terrienne ». Si vous êtes parvenus à dissocier votre corps et votre âme, il vous « suffit » de vous placer « du point de vue de votre âme », pour faire le calme en vous. Attention ! Ces émotions, pensées et désirs sont utiles à notre survie sur terre. Il est donc hors de question de ne pas les laisser s’agiter en nous. Il faut au contraire qu’ils s’expriment. Mais il faut aussi se ménager dans la journée un temps où l’âme va reprendre le dessus et les examiner sereinement : « Voilà ce qui se manifeste en moi ». Il s’agit de s’observer avec recul, de ne pas s’identifier à ces émotions, pensées ou désirs.
Si vous avez dissocié votre corps et votre âme, il vous sera facile de considérer que ces émotions, ces pensées et ces désirs, ne sont pas « vous », comme vous le pensiez autrefois, mais une expression d’une partie de vous, la plus terrestre, et que votre âme attend autre chose de la relation avec le monde extérieur !
Faire le calme en soi repose aussi sur quelques principes simples de conduite de sa vie. En premier lieu, il est essentiel de mener une vie ordonnée. Ce n’est pas pour rien que les religieux respectent des rites quotidiens. Cela peut paraître fastidieux, mais la « routine » libère nos pensées. C’est un peu comme dans le sport, la répétition des mêmes gestes crée des automatismes qui allègent la charge de travail du cerveau. Il est donc très important de se procurer du « cerveau disponible » comme disait Patrick Lelay, le président de TF1, non pas bien sûr en regardant des programmes TV stupides et violents, mais en accomplissant avec régularité et ponctualité les mêmes actions : lever, toilette, repas, tâches ménagères, coucher, etc. Évidemment, cette routine n’a rien d’ennuyeux, elle permet de réduire l’importance des actes quotidiens et de libérer de l’énergie pour la vie intérieure, tellement plus riche.
En second lieu, il est de première importance de mener une vie saine. Les excès de nourriture, d’alcool ou de sexe ainsi que toutes les conduites à risque sont incompatibles avec une démarche spirituelle. Tout cela crée dans notre esprit une agitation qui détourne de notre objectif : l’élévation de notre âme. De plus, l’âme ayant un chemin à parcourir dans cette vie, il est déplacé d’accomplir des actes qui peuvent nous conduire à la maladie ou à la mort. La première obligation de la démarche spirituelle est donc de se maintenir en bonne santé le plus longtemps possible [2].
Étape n°3 - Avoir une vie intérieure
Résumons : vous avez pris conscience que deux entités vivaient en vous, le corps et l’âme. Vous avez décidé, pour votre démarche spirituelle, que l’âme devait avoir le dessus sur les manifestations du corps. Cette attitude vous a permis de faire le calme en vous. Vous n’êtes pas devenu indifférent au monde et aux autres, simplement, vous ne vous identifiez plus avec vos passions terrestres.
Ce calme va désormais vous permettre de mener une vie intérieure. Encore faut-il le vouloir, et le décider. Cela suppose que l’on prenne le temps de s’isoler un peu, chez soi, au bureau, dans les transports, en marchant dans la rue, dans sa voiture. C’est une hygiène de vie très salutaire. Si, en entrant dans votre voiture, votre premier réflexe est d’allumer votre radio pour entendre les nouvelles de la marche du monde, vous ne pourrez pas développer de vie intérieure. Si, chez vous, dès que vous avez un moment de libre, vous allumez la télévision, vous surfez sur Internet, vous envoyez des SMS à tous vos amis, vous ne pourrez pas avoir de vie intérieure, car justement, pour avoir une vie intérieure, il faut réduire l’importance du monde extérieur.
Beaucoup d’individus ont peur du silence. Il leur semble que rien de bon ne peut venir de l’intérieur. Ce sont souvent ce que Jung appelle des « extravertis ». Pour eux, toutes les stimulations doivent venir de l’extérieur et en flux continu. Seul le réel extérieur existe, la vie intérieure est un leurre, un danger. Les « introvertis » pensent exactement le contraire. Ils se méfient de l’extérieur et cherchent plutôt leurs stimulations à l’intérieur d’eux-mêmes. Il est évident que la démarche spirituelle est plus facile à réaliser pour un introverti que pour un extraverti. Mais rien n’est perdu pour ces derniers ! Car tout être humain est à la fois extraverti et introverti. Personnellement, je suis un introverti. En général, je ne suis pas à la recherche de satisfactions extérieures. Je ne suis pas un gros consommateur de réalité. Mon regard est plutôt tourné vers l’intérieur. Mais quand je suis en vacances ou quand je voyage à l’étranger, je me transforme en extraverti. Je cherche avec avidité la contemplation des paysages, des monuments. Je vais à la rencontre des autres. Je laisse le monde emplir mon cœur, je goûte la cuisine locale, je regarde les gens qui m’entourent avec curiosité. Tous les soirs, je me dis : « Qu’est-ce que je vais faire demain ? » [3]. De même, il arrive aux extravertis d’avoir des moments d’introversion. Par exemple, quand ils prennent un livre ou pratiquent un sport individuel comme le footing. La démarche spirituelle ne leur est donc pas inaccessible. Simplement, il faut qu’ils prennent l’habitude de ne pas s’effrayer du vide intérieur et au contraire, de tourner leur regard au-dedans d’eux. Car, en fait, à l’intérieur, ce n’est pas vide !
Pour beaucoup de religions asiatiques, le monde extérieur est une illusion ; il n’a pas de réalité en soi. Certaines philosophies considèrent même que derrière cette illusion, il n’y a rien, c’est la vacuité ! Avec la mécanique quantique, la science moderne a montré que notre monde physique n’est pas aussi « solide » qu’on pouvait le croire. Dans l’infiniment petit, en deçà du monde des atomes, les particules élémentaires ont de curieux comportements. Notre réalité physique repose sur une base mouvante, déconcertante, incertaine, qui ne lui ressemble pas du tout et aucun scientifique ne peut expliquer comment le monde quantique peut générer le monde très concret que nous connaissons. Il est donc très important de mettre en doute la réalité... de la réalité ! La démarche spirituelle nous incite à placer au second plan le monde extérieur et à donner la primauté à notre monde intérieur. Mais qu’est-ce que c’est qu’une vie intérieure ?
Étape n°4 - Apprendre à méditer
Avoir une vie intérieure, c’est méditer souvent sur la nature profonde de l’univers, de la Terre, de l’être humain. Il faut par exemple prendre conscience que toute chose dans le monde naît, croît puis décroît et meurt. C’est un beau sujet de méditation. On peut aussi regarder une plante, un arbre, et « sentir » les potentialités de métamorphose qu’il y a dans ces éléments. La graine que l’on vient de planter donnera demain un arbre puissant. Il faut s’exercer à voir dans la graine l’arbre qu’elle va produire. Ainsi, on s’habitue à ne pas considérer les choses et les êtres qui nous entourent selon leur apparence, comme des structures figées, mais comme des éléments en perpétuelle métamorphose. Tout se transforme éternellement. Notre corps aussi, et notre âme aussi. C’est un autre regard porté sur les choses. C’est regarder l’extérieur avec les yeux du dedans. On appelle cela la clairvoyance. Voir la réalité du monde au-delà de ses apparences.
Le but de la méditation n’est pas de résoudre des énigmes universelles ou de philosopher sur la condition humaine. Ce n’est pas une liberté donnée au cerveau d’associer à sa guide des pensées dans un vagabondage sans contrôle. Il s’agit en fait de développer sa conscience. Conscience de soi, de ce qui nous entoure, de ce qui se passe en nous. C’est un nouveau regard que nous portons sur la vie qui nous guide vers une meilleure compréhension du monde dans lequel nous sommes plongés pour un temps.
La grande différence entre une suite de pensées méditatives et une véritable méditation est la dimension temporelle. Au quotidien, nous n’avons jamais conscience du moment présent. Nos pensées sont occupées par ce que nous venons de vivre et ce que nous allons vivre. Nous sommes enserrés dans les filets du passé et de l’avenir. La méditation doit nous libérer de ce piège temporel. On découvre alors, au fil des exercices, que le présent n’est pas un instant fugace insaisissable, mais une dimension dans laquelle se révèlent des aspects inattendus de la vie. C’est la porte qui ouvre vers la vie spirituelle. Il existe une expression pour décrire cette dimension : Ici et maintenant. Car notre âme vit hors du temps, dans un éternel présent, et quiconque veut aller à sa rencontre doit passer par cette porte étroite. Cela ne s’obtient pas du premier coup ! Il faut s’entraîner, comme dans tous les sports !
Pour cela, une bonne écoute est un outil indispensable.
Étape n°5 - Savoir écouter et prier
Si vous voulez vous ouvrir à la vie intérieure, il faut savoir être à l’écoute de ce monde en vous. Et pour y parvenir, il faut pratiquer quelques exercices pratiques dans le monde extérieur ! Savez-vous écouter les autres ? La plupart des individus ne le savent pas. Quand ils écoutent leur interlocuteur soit ils ont la tête ailleurs soit ils pensent à ce qu’ils vont dire dès qu’il y aura un trou dans la conversation. La véritable écoute est difficile. Il s’agit d’accueillir la parole de l’autre, sans la juger, sans chercher des arguments contraires, sans la dénaturer, sans ressentir d’émotion. Juste écouter.
Observer : combien de personnes se taisent quand leur interlocuteur a cessé de parler ? Très peu. Chacun croit de son devoir de « meubler le silence » et de rebondir en parlant à son tour. On appelle cela une conversation, mais la plupart du temps c’est juste un échange de bruits.
Nous sommes trop souvent des « émetteurs ». Nous n’écoutons pas vraiment l’autre. Il est pour nous un « fournisseur de thèmes de discussion ». Nous n’écoutons pas ses paroles, nous réagissons à elles.
Si l’on veut s’ouvrir à son monde intérieur, il faut naturellement savoir pratiquer une écoute pleine et entière. Sans juger, sans chercher à réagir, sans être emporté par la pensée de l’autre. Il faut se pénétrer de la parole de son interlocuteur. Si vous voulez que votre âme commence à vous parler il faut qu’elle sente que vous êtes dans une disposition propice à l’écoute.
C’est grâce à cette écoute qu’un dialogue avec votre âme peut s’instaurer. Le plus souvent, cette communication se fera par l’intuition, mais il pourra aussi arriver, comme ce fut le cas pour moi, que vous entendiez des voix et qu’elles vous donnent des ordres à exécuter impérativement ! Ainsi, il est possible que vous développiez une sorte de médiumnité.
Le dialogue ne sera pas à sens unique... sinon, ce ne serait pas un dialogue ! Dites-vous bien que votre âme vit dans un monde qui n’est pas le vôtre. Ses contraintes ne sont pas celles du monde terrestre. Vous êtes en quelque sorte son ambassadeur sur Terre. Il est donc essentiel que vous l’informiez régulièrement de vos souffrances, de vos attentes, de vos peurs. Cela se fait par la prière. Prier est un moment privilégié de la vie spirituelle (Voir encadré en bas de la page).
Étape n°6 - Faire le vide
Pour écouter les voix qui viennent de l’intérieur de soi-même, il nous faut faire le vide en nous. Ce n’est pas simple, car il nous semble impossible d’interrompre le flux incessant de nos pensées. La clé est de mener une vie simple et dépouillée. Pour faire le vide en soi, un moyen infaillible est de vider ses placards. Mine de rien, tous ces objets qui s’accumulent sur nos étagères, s’accumulent aussi dans notre cerveau. Ce n’est pas pour rien que les plus sincères religieux vivent dans le dénuement le plus complet : un lit, une table, une armoire. Point. Parce que l’accumulation d’éléments matériels empêche l’élévation spirituelle. On ne peut pas espérer faire le vide en soi si on ne commence pas par vider ses placards.
Tous ceux qui ont pratiqué cette opération vous le diront : quelle libération ! Comme on se sent léger ! Nous gardons quantité de choses qui ne servent plus à rien. Et qui ne serviront plus jamais, bien qu’on veuille se convaincre que « Ça peut servir ». Donner, donner, donner. Jeter, jeter, jeter. Ainsi les choses auxquelles vous tenez serviront à d’autres. Ne garder que le strict nécessaire.
Pour certains, ce « vidage » des placards peut être douloureux. Mais sincèrement, si vous n’êtes pas capable de faire ce genre de sacrifice, qu’adviendra-t-il si, au fil de vos méditations, votre âme vous demande de changer de vie ? Pour s’engager dans la démarche spirituelle, il faut s’exercer à se détacher des choses matérielles. Et vider ses placards est un excellent exercice de désintoxication et de libération.
Peu à peu, en suivant cette voie, les intérêts de votre âme prennent le dessus sur les intérêts de votre ego. Vous avez déjà dissocié votre corps de votre âme. Vous avez décidé de lui donner la priorité sur toute manifestation de la vie. Vous avez pris l’habitude de tourner votre regard (et vos oreilles) en vous. Vous avez allégé votre environnement matériel. Vous vous êtes en quelque sorte « délesté » et aujourd’hui, votre âme peut prendre un peu de hauteur.
Étape n°7 - Etre obéissant
C’est maintenant votre âme qui va diriger votre vie et non plus votre ego ou votre corps. Mais cela ne sera possible que si vous savez vous montrer obéissant. Vous devez donc faire quelques exercices dans ce sens. On suppose que, dans votre travail, vous obéissez aux ordres de votre hiérarchie. Cela vous paraît naturel, dans l’entreprise, pour être au service d’une finalité qui vous dépasse. Mais si, pour compenser cette soumission mal vécue en fait, vous vous amusez sur la route à griller les panneaux stop, les feux rouges, à dépasser la vitesse autorisée, à rouler plein phare sur une route fréquentée, à franchir la ligne blanche continue, à refuser la priorité à droite, etc. vous n’êtes pas dans la démarche spirituelle. Se soumette à la loi doit devenir pour vous un jeu. Regardez une nouvelle fois l’attitude des religieux sincères, ils sont dans l’obéissance, dans la soumission, même. Ils se mettent à genoux, parfois même ils s’étendent sur le sol, en signe d’humilité.
Récemment, sur une route, j’ai suivi une voiture qui respectait à la lettre les limitations de vitesse. À chaque franchissement de panneau, elle réduisait ou augmentait immédiatement sa vitesse. 110 km/h... 70 km/h... 90 km/h... Une obéissance parfaite ! C’était très impressionnant. Pour découvrir qui était au volant, j’ai dépassé la voiture et j’ai découvert qu’elle était conduite... par une religieuse ! J’aurais dû m’en douter.
Exercez-vous à céder à toutes les volontés de votre conjoint. Respecter le code de la route, la loi et les règlements, payer les impôts que vous devez, et vous allez voir votre vie intérieure changer. Si vous voulez continuer à imposer vos vues et vos désirs au monde, évidemment, rien ne viendra de l’intérieur de vous pour vous faire progresser dans la voie spirituelle. Tant que votre âme sentira que vous vous croyez plus malin et plus fort que tout le monde, elle ne s’adressera pas à vous.
Mener une démarche spirituelle, c’est se mettre au service de son âme. Il faut donc se montrer obéissant et à l’écoute ! Élémentaire ! Sans obéissance extérieure, il n’y a pas d’obéissance intérieure. Sans respect des règles, il n’y a pas de paix de l’âme [4].
Paradoxalement, être obéissant s’applique aussi... à soi-même ! Une des conditions de la vie spirituelle est le respect d’un principe simple : se tenir à la décision que l’on a prise. Bien sûr, s’il paraît à l’évidence que la décision est mauvaise, vous pouvez en changer, mais d’une manière générale, le fait de changer constamment d’avis, de modifier ses choix en permanence, éloigne de la vie intérieure. Les personnes dans ce cas sont incapables de se tenir à une parole émise et elles ne contrôlent pas leur vie. Il est important, au quotidien, de s’en tenir à la décision qu’on a prise, au choix qu’on a fait, à la parole qu’on a donnée. Sauf raison majeure, bien entendu. La ferme résolution est la condition du succès, en toutes choses.
Étape n°8 - Vouloir assurer un bon avenir à son âme
À ce stade de développement spirituel, les premiers signes de métamorphose se sont manifestés en vous. Vous n’êtes plus le même, plus la même. Et personne ne le remarque encore. Vous ne le cherchez pas, d’ailleurs. C’est une affaire intime entre vous et vous.
Certes, vous n’êtes pas encore toujours très obéissant, ni très à l’écoute, ni très calme, ni très patient, ni très attentif à votre vie intérieure. Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection, mais seulement de faire des efforts dans la bonne direction. C’est le chemin qui compte, pas l’arrivée. Il faut progresser régulièrement dans cette voie sans se laisser rebuter par d’éventuels échecs ou des régressions !
Toutes ces dispositions d’esprit vous font prendre conscience, de l’intérieur, que votre âme va vous survivre. Vous avez découvert qu’elle existe en vous et a sa vie propre, qui dépasse largement le cadre de votre corps ou de votre ego.
Quelle que soit votre religion, vous savez que votre âme survit à la mort physique. Mais maintenant, ce n’est plus un savoir inculqué dans l’enfance, c’est une conviction intime de tout votre être. Votre âme n’est que de passage sur Terre. Dès lors, vous devez vous employer à lui rendre le séjour suivant le plus sympathique possible.
La foi que vous avez dans un au-delà va se transformer. De vague croyance fragile qui peut vous quitter à tout instant, elle va devenir un savoir. Vous ne croyez plus, vous savez.
Ce qui se passe ensuite dépend de votre religion. Dans les trois grandes religions monothéistes, vous avez le choix (si l’on peut dire) entre le paradis, l’enfer ou le purgatoire. Le paradis est montré partout comme le plus favorable, je vous le conseille donc ! Si vous croyez à la réincarnation, vous devez vous employer à sortir de la roue infernale des renaissances. Cela revient en gros au même !
Étape n°9 - Lutter contre le mal
Pour assurer un bon avenir à son âme, c’est tout simple, il faut être bon et faire le bien autour de soi. Si c’est si simple, pourquoi est-ce si difficile ? La réponse est connue : le monde matériel exerce sur notre corps et sur notre ego une pression qui, déguisée en innocentes tentations, nous tire toujours vers le bas. Tous les pêchés que nous devons fuir sont connus, tous les commandements auxquels nous devons obéir le sont aussi. Je ne reviendrai pas dessus ici.
Un premier exercice salutaire peut consister à bannir de son vocabulaire tous les termes orduriers et argotiques. Il est d’ailleurs très important de contrôler tout ce qui sort de sa bouche. Il faut aussi éviter de parler à tort et à travers, de dire du mal des autres, de juger sans connaître, de colporter des ragots et - le plus difficile - de vouloir à tout prix meubler le silence. Il faut aussi se convaincre que les pensées ont autant d’importance que les actes. Si vous êtes entré dans une démarche spirituelle, c’est que vous avez considéré que l’esprit possédait une puissance supérieure à celle de la matière. Dès lors, les mauvaises pensées doivent revêtir pour vous au moins autant de gravité que les mauvais actes (que vous avez déjà bannis, je l’espère !).
Lutter contre le mal c’est aussi surveiller de très près ce que l’on donne comme nourriture à notre âme. Contrôler ses paroles, ses actes et ses pensées, c’est très important, mais il est aussi vital d’éviter de côtoyer certaines personnes, de regarder certains spectacles, de se rendre dans certains lieux. Cela se fait naturellement au fil de l’évolution spirituelle. L’âme devient de plus en plus sensible et ce qui paraissait « sans conséquence » commence petit à petit à choquer, parfois même à dégoûter et nous nous en éloignons. Mener une démarche spirituelle c’est aussi effectuer un tri particulièrement sélectif ! Attention, il ne faut pas pour autant se montrer élitiste, intolérant, méprisant, surtout si votre mission sur Terre est justement d’aller au contact de certaines personnes, de certains lieux ou de certaines situations, mais il est bon de protéger son âme des agressions extérieures et tourner son regard vers ce qui est beau et bon. Il ne faut donc pas craindre dans cette démarche exigeante une certaine solitude... et pas mal de sacrifices !
La lutte contre le mal est naturellement la première bataille à mener pour gagner son ticket pour un au-delà tranquille. Encore faut-il être convaincu que le mal existe. Si vous pensez que le mal est une simple invention humaine sans fondement, que tout se vaut, que rien n’est très grave, que l’important est de ne pas être pris, si vous pensez qu’il n’existe pas dans le monde de forces hostiles à l’élévation des âmes des humains, vous ne pourrez lutter contre elles, et donc vous perdrez la bataille de la survie après la mort.
Voilà, c’est tout ! Il n’y a rien d’autre à faire pour s’engager dans une démarche spirituelle. Ensuite, il peut arriver beaucoup de choses. Votre âme va peut-être vous demander de changer de vie, ou d’accomplir telle ou telle mission, d’apprendre à guérir les autres, à faire le don de votre personne, que sais-je encore ? Ce sont là des pistes très personnelles, très variables d’une personne à l’autre. Mais les chemins qui conduisent à cet éveil de votre âme en vous vous sont désormais connus...
Chaque axe que je viens d’aborder mériterait sans doute quelques développements et quelques débats, mais ce canevas général peut servir de base à tous ceux qui me demandent ce qu’est une démarche spirituelle.
J’ai beaucoup prié le 26 décembre 1999
Ce 26 décembre 1999, nous étions tous réunis pour Noël dans la maison familiale en Seine-et-Marne : mes parents, mon frère, sa femme, ses trois enfants et moi-même. Au petit matin, j’ai senti la tempête se lever. La maison s’est mise à trembler au gré des folles rafales de vent qui la secouaient. C’était terrible. Je suis resté blotti dans mon lit et je me suis mis à prier comme jamais dans ma vie pour que la maison et ses occupants soient épargnés. Mentalement, je l’ai imaginée protégée dans une bulle de verre.
J’ai prié sans discontinuer pendant toute la tempête. Et quand nous sommes sortis pour voir les dégâts, j’ai pu constater que mes prières avaient été exaucées : notre maison n’avait subi aucun dommage, alors que toutes les maisons à côté avaient été touchées. Pas la moindre tuile envolée, pas la moindre branche tombée dessus. Et pourtant, de grands arbres l’entouraient. Un miracle. Le miracle de la prière. Mon père en a d’ailleurs été gêné et toute la journée il a aidé ses voisins à réparer leurs dégâts et à dégager les routes encombrées par des branches...